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Cassinomagus, gallo-romaine et virtuelle !
19 avril 2024

Cassinomagus, en Charente, c’est une ancienne ville gallo-romaine de 130 hectares, entre Limoges et Saintes, désormais recouverte par le village de Chassenon. Le Parc archéologique, géré par ALFRAN pour le compte du Département de la Charente, est un espace de 25 hectares où l’on trouve des Thermes Monumentaux (plus de 10.000m2) et les traces d’un temple (estimé à 30 mètres de haut) et peut-être d’un amphithéâtre, le site n’ayant pas encore révélé tous ses secrets… Depuis 2020, il est même possible de visiter le temple dont pourtant il ne reste rien de visible (le podium est toujours là mais recouvert de terre). Comment ? Des centaines de visiteurs, casque de réalité virtuelle sur la tête (une solution Novo3D), ont déjà pu le découvrir sous la conduite de leur guide, Charlotte Chalard, responsable de la médiation à Cassinomagus… Entretien.

Quelles sont les principales différences qu’introduit dans votre métier l’utilisation des casques de réalité virtuelle ?
Nous avons, en effet, fait le choix de ne pas exclure le médiateur de ce type d’expérience mais bien au contraire de la construire comme une vraie visite guidée. Le médiateur ne commente alors plus à un groupe de visiteurs les vestiges que l’on observe sur le site mais une reconstitution virtuelle que chacun aperçoit dans son casque. Le plus dur pour le médiateur est que l’expérience est certes collective (le discours est le même pour tous), mais elle reste encore individuelle puisque chacun est libre de se déplacer dans l’image comme il le souhaite et donc de ne plus être à l’endroit qui est commenté. La plus grande différence a donc été de devoir visualiser mentalement la séquence dans laquelle les visiteurs se déplacent, en connaître les moindres recoins et pouvoir les faire revenir dans le groupe quand c’est nécessaire. Cela nous demande, à mes collègues et moi-même, une bonne gymnastique d’esprit !
Les problèmes techniques sont aussi une chose que l’on a du apprendre à gérer. Après chaque expérience nous faisions un bilan à Dominique Lyoen de Novo 3D, notre partenaire sur ce projet, qui nous donnait les clés pour régler ces problèmes. Il faut donc également apprivoiser et se familiariser avec cette nouvelle technologie.
Autrement, l’expérience est une visite guidée. Bien qu’originale par la technologie qu’elle utilise, elle reste le cœur de notre métier : transmettre et raconter l’histoire passée.

Selon vous, quel est l’apport pour les visiteurs de ce type d’expérience ?
La grande innovation de cette expérience est une immersion totale dans le passé. Les visiteurs sont plongés dans l’ambiance et le décor d’il y a 2000 ans. Nous affichions déjà des images 2D de restitution ou diffusions un film de reconstitution mais les casques autonomes vont beaucoup plus loin et sont de vraies machines à remonter le temps. De plus, nous avons fait le choix de proposer l’expérience directement sur le lieu des vestiges disparus ou non visibles. Ainsi lorsque l’on enfile les casques, les visiteurs peuvent se déplacer dans l’image virtuelle et physiquement dans le paysage. Cela évite notamment le problème de « mal de mer » qui peut intervenir avec ce genre de technologie. Lorsque les visiteurs ôtent les casques nous pouvons très facilement replacer les éléments vus en 3D dans le paysage actuel, ainsi leur compréhension de Cassinomagus est complètement transformée par la prise en compte de ce qui ne se voit plus.

De plus, l’accompagnement par un guide rend la visite plus intéressante car chaque élément est expliqué et toutes les questions peuvent être posées sans contrainte. Le visiteur n’est pas laissé seul à naviguer dans une image virtuelle, au contraire : le rôle du guide est de renforcer son immersion et de lui permettre de comprendre ce qu’il voit.
Je suis convaincue que cette expérience est unique et permet aux visiteurs d’avoir la chance de découvrir un site archéologique totalement invisible aujourd’hui !

Vous prévoyez, avec Novo3D, de mettre en place des outils de « pilotage » des casques pour des visites « mieux maîtrisées » ? Pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit ?
J’ai, en effet, parlé de « petits problèmes techniques »… Il s’avère qu’actuellement le visiteur contrôle seul la manette qui lui permet de changer de scène ou de séquence. Bien que le médiateur annonce quand il est souhaitable de changer de séquence, il arrive très souvent que des visiteurs cliquent une fois de trop et se retrouvent dans une séquence plus lointaine. Il faut alors prendre le temps d’expliquer comment revenir en arrière, ce qui stoppe la visite et l’immersion également.
L’outil proposé par Novo3D est une tablette destinée au guide qui « bloquerait » les séquences que seul le guide pourrait faire avancer. Comme dans une visite guidée : le guide vous propose de le suivre pour avancer dans la salle suivante !
De plus, des interactions seront possible dans la version finale de l’application. Alors le médiateur verra également si tous les visiteurs ont terminé ou non leurs interactions, pour passer à la suite. Cela renforcerait l’effet de voyage dans le temps et de visite collective puisque le groupe de visiteurs serait mieux coordonné.

Quelles sont les autres innovations que l’on pourra découvrir à Cassinomagus dès l’ouverture de la saison ?
Nous travaillons avec Novo 3D à compléter cette visite en réalité virtuelle en y intégrant des éléments d’interactivité évoqués plus haut. C’est un outil qui peut être très ludique tout en servant un discours scientifique, aussi plusieurs scènes seront interactives et permettront aux visiteurs d’être acteur de leur visite.
L’autre projet que l’on espère, au vu du contexte sanitaire, pouvoir mettre en place est une visite, utilisant les casques, destinées essentiellement aux scolaires. Nous axerons alors la visite autour de l’architecture, de notions d’histoire de l’art et pour les latinistes des questions plus relatives à la religion romaine et à la mythologie.
Avec le même outil, nous essayons de toucher des publics différents.
Par ailleurs cette année, nous allons privilégier la reconstitution historique réelle avec deux grands week-end de fêtes antiques, où le public pourra venir rencontrer des légionnaires romains, des gladiateurs, des artisans et guerriers gaulois et pleins d’autres surprises. Ce sont ce qu’on appel les « Grandes journées Antiques ». Elles se dérouleront les 24-25 juillet et 21-22 août (détail sur notre site internet). Nous avons développé un « escape game » d’extérieur qui se base sur des codes et connaissances antiques : défi à relever ! Notre parc extérieur permettra aussi aux familles de tenter l’aventure du « Labyrinthe des Dieux », de jouer à des jeux antiques ou de flâner dans le jardin botanique. Et dès notre ouverture, des figurines Playmobil envahiront l’espace d’exposition pour faire revivre les objets archéologiques. Il y en aura donc pour tous les goûts !



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